Bonsoir à tous,
Je voudrais faire un couplet (plaintif ?) sur les vernis recouvrant nos chers instruments...
Tout d'abord, un point technique.
Il existe trois types de vernis pouvant être utilisés sur les instruments :
- Les vernis Epoxy à deux composants, qui sont les plus résistants aux abrasifs et aux produits chimiques. Ce sont ces vernis qui ont fait la réputation de Yamaha, par exemple... Mais, de législation du travail en législation européenne, ces vernis ont pratiquement disparu de l'espace européen. Pourquoi ? Tout simplement parce que leur mise en oeuvre exige de telles installations de protection des employés et de respect de l'environnement que les industriels y ont majoritairement renoncé. A ce jour, seules les industries de pointe, à forte valeur ajoutée, continuent à produire des pièces vernies suivant ce procédé. En ce qui concerne les fabricants de cuivres, plus personne ne peut se permettre d'utiliser de tels produits.
- Les vernis à base Polyuréthane : ils sont d'excellente qualité mais, néanmoins, moins résistants aux agressions mécaniques et chimiques que les vernis Epoxy. Ils peuvent être traités de deux façons distinctes : avec cuisson au four (dégagement de gaz toxiques) ou à froid (pas de nuisances). Suivant le traitement, la résistance est très différente, l'avantage technique revenant (bien évidemment) aux traitements avec cuisson.
- Les vernis à base cellulosique : ils ont l'énorme avantage d'être peu coûteux ! Et peu polluants... Mais il ne faut pas en attendre des merveilles : ils s'érodent rapidement et sont très sensibles aux solvants.
La politique et l'écologie étant ce qu'elles sont, il faut nous attendre à avoir des vernis de moins en moins efficaces... Comme chacun le sait, un des plus gros pollueurs de la planète est l'Amérique du nord, et particulièrement les USA. Mais, ce grand pays démocratique a su réagir (tout en ne signant pas le protocole de Kyoto) en externalisant ses industries les plus polluantes en Inde ou en Chine ! Cela semblait une solution "idéale"... C'était sans compter avec les Jeux Olympiques ! L'Europe, en particulier, n'a eu de cesse de donner des leçons d'écologie (et de démocratie) à la Chine. Et elle a été entendue. Le gouvernement chinois a pris des mesures (insuffisantes, certes) pour limiter la pollution. Et c'est ainsi que les fabricants de cuivres chinois sont passés du vernis Epoxy au vernis Polyuréthane...
Il nous faut donc être cohérents : d'un point de vue sociétal, nous mettons tout en oeuvre pour abolir les techniques polluantes, et d'un autre côté, nous souhaiterions avoir la qualité d'antan ! Cela est impossible... Il va donc falloir nous adapter à cette nouvelle donne.
Je voudrais, ici, défendre mes confrères, à qui la qualité de leurs vernis est souvent reprochée. Combien de fois ai-je entendu dire que les vernis de Selmer ou de Philippe Rault étaient médiocres ? Il faut être réalistes : cela ne va pas s'arranger, les législations étant de plus en plus contraignantes ! Si cela continue, nous n'aurons bientôt plus le droit d'utiliser comme vernis que des blancs d'oeufs provenant de poules élevées biologiquement. Vous pensez que j'exagère ? Oui, sans doute. Mais nous n'en sommes pas loin...
En ce qui concerne les instruments Zeff, (en dehors des problèmes rencontrés avec le vernis brossé), les premiers instruments étaient laqués Epoxy. Ceux de la génération suivante sont vernis Polyuréthane avec cuisson à 80 degrés (ce qui est encore raisonnable). Mais il n'est pas impossible que les prochaines fabrications nous soient livrées avec d'autres revêtements dépendant des décisions écologico-politiques de la Chine. Nous serons alors, ni plus, ni moins, à égalité avec les productions européennes !
A ce jour, les traitements de surface, tels que l'argenture, n'ont pas encore fait l'objet de chasse aux sorcières. Aussi, à ce jour, d'un point de vue durabilité, je recommande les instruments argentés plutôt que vernis.
Cordialement
Jean
Je voudrais faire un couplet (plaintif ?) sur les vernis recouvrant nos chers instruments...
Tout d'abord, un point technique.
Il existe trois types de vernis pouvant être utilisés sur les instruments :
- Les vernis Epoxy à deux composants, qui sont les plus résistants aux abrasifs et aux produits chimiques. Ce sont ces vernis qui ont fait la réputation de Yamaha, par exemple... Mais, de législation du travail en législation européenne, ces vernis ont pratiquement disparu de l'espace européen. Pourquoi ? Tout simplement parce que leur mise en oeuvre exige de telles installations de protection des employés et de respect de l'environnement que les industriels y ont majoritairement renoncé. A ce jour, seules les industries de pointe, à forte valeur ajoutée, continuent à produire des pièces vernies suivant ce procédé. En ce qui concerne les fabricants de cuivres, plus personne ne peut se permettre d'utiliser de tels produits.
- Les vernis à base Polyuréthane : ils sont d'excellente qualité mais, néanmoins, moins résistants aux agressions mécaniques et chimiques que les vernis Epoxy. Ils peuvent être traités de deux façons distinctes : avec cuisson au four (dégagement de gaz toxiques) ou à froid (pas de nuisances). Suivant le traitement, la résistance est très différente, l'avantage technique revenant (bien évidemment) aux traitements avec cuisson.
- Les vernis à base cellulosique : ils ont l'énorme avantage d'être peu coûteux ! Et peu polluants... Mais il ne faut pas en attendre des merveilles : ils s'érodent rapidement et sont très sensibles aux solvants.
La politique et l'écologie étant ce qu'elles sont, il faut nous attendre à avoir des vernis de moins en moins efficaces... Comme chacun le sait, un des plus gros pollueurs de la planète est l'Amérique du nord, et particulièrement les USA. Mais, ce grand pays démocratique a su réagir (tout en ne signant pas le protocole de Kyoto) en externalisant ses industries les plus polluantes en Inde ou en Chine ! Cela semblait une solution "idéale"... C'était sans compter avec les Jeux Olympiques ! L'Europe, en particulier, n'a eu de cesse de donner des leçons d'écologie (et de démocratie) à la Chine. Et elle a été entendue. Le gouvernement chinois a pris des mesures (insuffisantes, certes) pour limiter la pollution. Et c'est ainsi que les fabricants de cuivres chinois sont passés du vernis Epoxy au vernis Polyuréthane...
Il nous faut donc être cohérents : d'un point de vue sociétal, nous mettons tout en oeuvre pour abolir les techniques polluantes, et d'un autre côté, nous souhaiterions avoir la qualité d'antan ! Cela est impossible... Il va donc falloir nous adapter à cette nouvelle donne.
Je voudrais, ici, défendre mes confrères, à qui la qualité de leurs vernis est souvent reprochée. Combien de fois ai-je entendu dire que les vernis de Selmer ou de Philippe Rault étaient médiocres ? Il faut être réalistes : cela ne va pas s'arranger, les législations étant de plus en plus contraignantes ! Si cela continue, nous n'aurons bientôt plus le droit d'utiliser comme vernis que des blancs d'oeufs provenant de poules élevées biologiquement. Vous pensez que j'exagère ? Oui, sans doute. Mais nous n'en sommes pas loin...
En ce qui concerne les instruments Zeff, (en dehors des problèmes rencontrés avec le vernis brossé), les premiers instruments étaient laqués Epoxy. Ceux de la génération suivante sont vernis Polyuréthane avec cuisson à 80 degrés (ce qui est encore raisonnable). Mais il n'est pas impossible que les prochaines fabrications nous soient livrées avec d'autres revêtements dépendant des décisions écologico-politiques de la Chine. Nous serons alors, ni plus, ni moins, à égalité avec les productions européennes !
A ce jour, les traitements de surface, tels que l'argenture, n'ont pas encore fait l'objet de chasse aux sorcières. Aussi, à ce jour, d'un point de vue durabilité, je recommande les instruments argentés plutôt que vernis.
Cordialement
Jean