Copie d'un article à paraître pour la revue "Batteries-Fanfares Magazine"
"30 Marches" pour 4 trompettes d'ordonnance et timbales par Jules CERCLIER (1823-1897).
Restitution : Editions The Brass Press/Editions BIM.
Nous sommes heureux de pouvoir présenter aujourd'hui l'édition moderne restituant les "30 marches" pour 4 trompettes d'ordonnance et timbales (ad libitum) de Jules CERCLIER (1823-1897), due à l'initiative du musicologue américain Bryan Proksh, de l'Université de Caroline du Nord.
Jules Henry Louis Cerclier, est né à Paris, le 29 mai 1823. La consultation des registres paroissiaux nous révèle qu'il reçoit, deux jours plus tard, les sacrements du baptême en l'église Saint-Sulpice.
Il débutera ses études musicales au Conservatoire de Paris en 1835, dans les classes de solfège et de violon. Durant les années 1842 à 1846, il étudiera la trompette dans la première classe de François Georges Auguste Dauverné (1799 - 1874). En 1844, il se voit décerner un accessit, puis un second prix en 1845 et finalement un premier prix pour son interprétation d'un Solo du professeur Dauverné, diplôme qu'il reçoit l'année suivante.
A titre de récompense pour son premier prix, Cerclier reçut une magnifique trompette à coulisse du facteur Antoine Courtois. Cet instrument rare est aujourd'hui exposé au sein de la collection du Musée de la Musique de Paris [également consultable en ligne : mediatheque.cite-musique.fr]. La notice d'information nous apprend que "l'instrument fut rapporté de Berlin pour Dauverné par le compositeur Giacomo Meyerbeer (1791 - 1864). J.H.L. Cerclier le reçut en 1er Prix". Le pavillon de l'instrument est gravé et comporte la mention "1er Prix de Trompette décerné à l'élève JHL Cerclier le 03 août 1846". L'instrument a par ailleurs fiiguré à l'Exposition universelle de Paris en 1889.
Rappelons qu'en France, au milieu du XIXème siècle, plusieurs instruments sont employés : la trompette naturelle à tons de rechange (cf."Méthode pour la trompette" de F.G..A. Dauverné), la trompette naturelle à coulisse, le cornet à pistons (munis de tons de rechange) et la trompette chromatique en fa.
Par arrêté du 23 janvier 1869, Cerclier, alors âgé de 45 ans, est nommé professeur agrégé de trompette au Conservatoire de Paris, à compter du 1er février. Jean-Baptiste-Laurent Arban est, quant à lui, professeur de Cornet. Arban se distinguera particulièrement en menant de front une carrière de virtuose international, tout en étant titulaire de son poste d'enseignement.
En 1882, Cerclier obtint un professorat complet qui le ménera jusqu'à son admission à la retraite, effective le 1er octobre 1894, date de sa limite d'âge. Il reçut les palmes académiques en 1884 et fut fait chevalier de la Légion d'honneur en 1888. Il mourut le 15 juillet 1897 à Saint-Germain-en-Laye.
Quelques mois avant de quitter son poste de professeur du Conservatoire, l'atelier du célèbre photographe Nadar (Félix Tournachon 1820 - 1910) fit de Jules Cerclier un portrait, réalisé le 12 août 1894. Portrait d'un vénérable grand-père de 71 ans, en costume (veste à revers gansés, gilet, noeud papillon) arborant d'admirables bacchantes. [consulstable en ligne : ministère de la culture - mémoire].
Contrairement à son prédécesseur et collègues du Conservatoire, Jules Cerclier ne publia ni méthode instrumentale, ni compositions connues. Nous avons simplement trouvé trace d'une lecture à vue de trompette, destinée à un concours du Conservatoire, ainsi que de "6 marches d'ordonnance". Ces "6 marches" caractéristiques feront l'objet d'un prochain commentaire dans ces colonnes.
La date de publication des "30 fanfares" chez l'éditeur Hartmann à Paris, remonte à 1891. L'on ne sait réellement quelle en était la destination précise : les élèves du Conservatoire, ceux du Gymnase musical militaire, la fanfare de cavalerie de la Garde, ou celle de l'un des nombreux régiments de cavalerie... ?
La consultation de l'édition originale, conservée par la Bibliothèque Nationale, n'apporte pas d'explication sur le sujet.
Comme il était d'usage, chacune des marches est dédiée à une personnalité : M. Freycinet, Ministre de la Guerre - Général de Gallifet - Général Rapp, ou a un chef de corps, commandant un régiment monté : 1er Hussards, 21ème Chasseurs à cheval, 16ème Dragons, 27ème Dragons, etc...
Ces fanfares à 4 parties sont du plus bel effet, usant largement de l'emploi du staccato binaire et ternaire. La tessiture est celle de l'ensemble du registre de l'instrument (du sol grave au sol aigu) avec emploi du sib, déjà usité à l'époque, mais hors du commun dans le répertoire traditionnel. A noter également l'usage approprié de l'accord de sixte et quarte, qui fait souvent défaut dans ce style de composition.
Il est intéressant aussi de comparer l'écriture des quatuors pour trompettes du professeur dauverené, avec ceux de Cerclier, son élève.
Soulignons l'intérêt particulier porté à ce répertoire et à son auteur - quasiment oublié de nos jours - par une équipe internationale, dont l'aboutissement est le résultat d'une fructueuse collaboration : chercheur américain, éditeur suisse, "réseau" français pour le soutien historique. A nous maintenant, détenteurs et héritiers par filiation de cette tradition française d'ordonnance, de promouvoir ce répertoire retrouvé...
Sonnez trompettes !!
Jean-Louis COUTURIER
(à suivre...)
"30 Marches" pour 4 trompettes d'ordonnance et timbales par Jules CERCLIER (1823-1897).
Restitution : Editions The Brass Press/Editions BIM.
Nous sommes heureux de pouvoir présenter aujourd'hui l'édition moderne restituant les "30 marches" pour 4 trompettes d'ordonnance et timbales (ad libitum) de Jules CERCLIER (1823-1897), due à l'initiative du musicologue américain Bryan Proksh, de l'Université de Caroline du Nord.
Jules Henry Louis Cerclier, est né à Paris, le 29 mai 1823. La consultation des registres paroissiaux nous révèle qu'il reçoit, deux jours plus tard, les sacrements du baptême en l'église Saint-Sulpice.
Il débutera ses études musicales au Conservatoire de Paris en 1835, dans les classes de solfège et de violon. Durant les années 1842 à 1846, il étudiera la trompette dans la première classe de François Georges Auguste Dauverné (1799 - 1874). En 1844, il se voit décerner un accessit, puis un second prix en 1845 et finalement un premier prix pour son interprétation d'un Solo du professeur Dauverné, diplôme qu'il reçoit l'année suivante.
A titre de récompense pour son premier prix, Cerclier reçut une magnifique trompette à coulisse du facteur Antoine Courtois. Cet instrument rare est aujourd'hui exposé au sein de la collection du Musée de la Musique de Paris [également consultable en ligne : mediatheque.cite-musique.fr]. La notice d'information nous apprend que "l'instrument fut rapporté de Berlin pour Dauverné par le compositeur Giacomo Meyerbeer (1791 - 1864). J.H.L. Cerclier le reçut en 1er Prix". Le pavillon de l'instrument est gravé et comporte la mention "1er Prix de Trompette décerné à l'élève JHL Cerclier le 03 août 1846". L'instrument a par ailleurs fiiguré à l'Exposition universelle de Paris en 1889.
Rappelons qu'en France, au milieu du XIXème siècle, plusieurs instruments sont employés : la trompette naturelle à tons de rechange (cf."Méthode pour la trompette" de F.G..A. Dauverné), la trompette naturelle à coulisse, le cornet à pistons (munis de tons de rechange) et la trompette chromatique en fa.
Par arrêté du 23 janvier 1869, Cerclier, alors âgé de 45 ans, est nommé professeur agrégé de trompette au Conservatoire de Paris, à compter du 1er février. Jean-Baptiste-Laurent Arban est, quant à lui, professeur de Cornet. Arban se distinguera particulièrement en menant de front une carrière de virtuose international, tout en étant titulaire de son poste d'enseignement.
En 1882, Cerclier obtint un professorat complet qui le ménera jusqu'à son admission à la retraite, effective le 1er octobre 1894, date de sa limite d'âge. Il reçut les palmes académiques en 1884 et fut fait chevalier de la Légion d'honneur en 1888. Il mourut le 15 juillet 1897 à Saint-Germain-en-Laye.
Quelques mois avant de quitter son poste de professeur du Conservatoire, l'atelier du célèbre photographe Nadar (Félix Tournachon 1820 - 1910) fit de Jules Cerclier un portrait, réalisé le 12 août 1894. Portrait d'un vénérable grand-père de 71 ans, en costume (veste à revers gansés, gilet, noeud papillon) arborant d'admirables bacchantes. [consulstable en ligne : ministère de la culture - mémoire].
Contrairement à son prédécesseur et collègues du Conservatoire, Jules Cerclier ne publia ni méthode instrumentale, ni compositions connues. Nous avons simplement trouvé trace d'une lecture à vue de trompette, destinée à un concours du Conservatoire, ainsi que de "6 marches d'ordonnance". Ces "6 marches" caractéristiques feront l'objet d'un prochain commentaire dans ces colonnes.
La date de publication des "30 fanfares" chez l'éditeur Hartmann à Paris, remonte à 1891. L'on ne sait réellement quelle en était la destination précise : les élèves du Conservatoire, ceux du Gymnase musical militaire, la fanfare de cavalerie de la Garde, ou celle de l'un des nombreux régiments de cavalerie... ?
La consultation de l'édition originale, conservée par la Bibliothèque Nationale, n'apporte pas d'explication sur le sujet.
Comme il était d'usage, chacune des marches est dédiée à une personnalité : M. Freycinet, Ministre de la Guerre - Général de Gallifet - Général Rapp, ou a un chef de corps, commandant un régiment monté : 1er Hussards, 21ème Chasseurs à cheval, 16ème Dragons, 27ème Dragons, etc...
Ces fanfares à 4 parties sont du plus bel effet, usant largement de l'emploi du staccato binaire et ternaire. La tessiture est celle de l'ensemble du registre de l'instrument (du sol grave au sol aigu) avec emploi du sib, déjà usité à l'époque, mais hors du commun dans le répertoire traditionnel. A noter également l'usage approprié de l'accord de sixte et quarte, qui fait souvent défaut dans ce style de composition.
Il est intéressant aussi de comparer l'écriture des quatuors pour trompettes du professeur dauverené, avec ceux de Cerclier, son élève.
Soulignons l'intérêt particulier porté à ce répertoire et à son auteur - quasiment oublié de nos jours - par une équipe internationale, dont l'aboutissement est le résultat d'une fructueuse collaboration : chercheur américain, éditeur suisse, "réseau" français pour le soutien historique. A nous maintenant, détenteurs et héritiers par filiation de cette tradition française d'ordonnance, de promouvoir ce répertoire retrouvé...
Sonnez trompettes !!
Jean-Louis COUTURIER
(à suivre...)