Le recrutement est (très) difficile dans de (très) nombreuses formations. Il est vrai que quand on parle recrutement, dans nombre de domaines, on pense de suite à communiquer pour recruter directement des personnes en attente d'intégrer une BF. Ce qui est sur le terrain quelque chose de très rarement constaté. La réalité est que ce type de recrutement est minoritaire dans la dynamique observée. Je vous propose ma vision du recrutement, attention elle n'est que partielle et "personnelle", car je ne suis pas un dirigeant ni encadrant.
Pour moi il y a 2 dimensions à prendre en compte dans la notion de recrutement :
- dans son aspect "technique"
- dans son aspect "socioaffectif"
- Le premier recrutement d'une BF s'opère à deux niveaux, sur un plan technique - dont le fer de lance est son "école", et sur un plan socioaffectif - dont la pierre angulaire est la "filiation et les liens sociaux" (famille, amis, entourage, ce qu'on rapproche souvent à l'émulation qu'on observait dans les villages de 300 habitants avec une fanfare de 90 personnes). Ce type de recrutement est indirect car se fait néanmoins (en tout cas ce qui est souhaitable) par voie de formation qu'elle soit poussée ou sommaire, et, par définition, par anticipation (pari sur l'avenir).
Ce sont les membres les plus cohésifs d'une formation, on parle par ailleurs de noyau, piliers, etc. Engagés opérationnellement (comités, etc.) et affectivement. Ils ont des liens forts dans le groupe même de la société, qu'ils soient familiaux ou amicaux.
- Le deuxième recrutement d'une BF est en fait encore un cran au-dessus et consiste à l'implication d'individus ou groupes, souvent jeunes, dans des projets collectifs locaux, en lien avec les acteurs socioculturels, associations, personnel et projets éducatifs, etc.
Ce sont les membres qui s'impliquent parfois autant que les premiers, mais plus souvent sur une période de quelques années ou qui va de l'enfance à l'insertion sociale et professionnelle. Ils reviennent parfois sur des périodes de vie plus propices, parfois abandonnent tout projet musical adulte.
- Le troisième recrutement se fait par le réseau secondaire des membres (collègues, rencontres et liens établis dans les institutions du champ concerné comme conservatoires et projets partagés, stages, etc.).
Ce sont généralement les membres présents temporairement, qui occupent des places de renfort ou bonus, pur partager le temps d'un projet, d'une saison, d'un moment clef d'une formation, une aventure commune et collective.
- Le recrutement "direct" par voie de presse ou d'affichage quant à lui, je pense, tel que est au dernier rang.
Ce sont (seraient?) des personnes opérationnelles et "en veille musicale" dans la région : qu'elles aient quitté une formation depuis peu, qu'elles aient emménagé depuis quelques temps dans le coin, qu'elles aient arrêté la pratique musicale plusieurs années, qu'elles viennent d'univers différents, etc etc ..A partir de ce modèle de processus, nous avons des axes de travail logiques dans la hiérachie des priorités et projets à mettre en place dans une BF au niveau du "recrutement" :
1. Préserver, construire ou améliorer un organe de formation lié à la BF, qu'il soit indépedant, autonome, ou attaché à une structure ...
Il y a bien des exemples ...2. Cultiver la cohésion, et la qualité des liens internes existants (repas, célébrations, soutiens spontanés lors de difficultés d'un membre, solidarité, égalité de traitement, etc etc.)
En gros, dans une BF, si on ne peut pas constater l'existence d'une amitié générale et de sous-groupes très cohésifs (exemple au sein des pupitres) , ça ne sent pas bons. Il faut donc prendre cet aspect comme une grosse pierre du mur dans le management d'une formation.3. Ouvrir et s'ouvrir (soi et le groupe qu'on encadre) sur toute opportunité de coopération interintitutionnelle locale en matière de culture, éducation, etc., sans cloisonnement.
En gros, si la BF ne fait que jouer de la musique, et ne met pas ce projet bien entendu essentiel (mais pas suffisant) dans un projet plus global au service de causes plus élevées (partager la musique avec la population, permettre l'émancipation de l'individu par la pratique musicale, développer les compétences, participer à l'effort éducatif local, etc etc.) Le rôle du "bureau" a quelque chose à jouer dans ces histoires là aussi ... Un président d'asso BF qui ne connait aucun présidents d'assos diverses, par exemple, ça pose question. Mais il y a tout un tas de choses, on ne peut résumer à ça. Le directeur est bien souvent la première force de projet et de propositions, l'ouverture, la curiosité, l’énergie, l'optimisme au sein des "milliers de choses imaginables" sont des signes d'un leader de qualité.
4. Fraterniser avec d'autres BFs, se fédérer, se solidariser régionalement et nationalement,
cultiver des liens de qualité (facile s'ils sont sincères), fréquenter le forum BF (), aller aux concerts d'autres formations, inviter (envoyer des cartons d'invitation!), etc etc5. Toujours à mon avis, même si c'est une petite porte, laisser effectivement la possibilité pour une personne, pour autant qu'elle ait le niveau requis, et l'expérience, de rejoindre au "pied levé", la BF.
Mais comme je disais, c'est rare. Pour ce faire, il est vrai qu'il faut savoir communiquer sur ce recrutement (internet, flyers). Là, tout dépend aussi du "bassin" culturel, géographique et démographique de la formation demandeuse ...