Bonjour à tous.
Les dimensions et le choix des matériaux entrant dans la fabrication d’un instrument quel qu'il soit, ont une incidence certaine sur la sonorité produite en final. Pour le tambour :
- Les fûts en châtaigner, en cuivre, en aluminium, en inox, en titane, en bois et métal (comme le sont les nôtres un peu plus lourds), produisent des sonorités totalement différentes selon la hauteur du fût et son diamètre.
- Les peaux de frappe ou de timbre, en veau ou de chèvre (voire jadis de chien, d’âne ou de loup), plastiques ou textiles aujourd’hui, donnent une profondeur et un relief harmonique différents selon leur origine, leur épaisseur, leur tension, la température et l’humidité ambiante.
- Les cercles en bois de chêne ou de hêtre, en plaqué, en matières synthétiques ou autres apportent une rigidité plus ou moins grande.
- Le timbre, qui donne son claquant à la frappe, est en boyau ou en matière synthétique. Le nombre et le diamètre des brins peut différer et le tire timbre peut être plus ou moins précis, souple et facile d’utilisation. Ghidoni utilise un déclencheur de grande précision tant pour le positionnement exact des boyaux que pour le réglage précis des forte et des piano.
- Le cordage filé en trois brins est en chanvre ou synthétique, ce qui ne sera pas la même chose lors de la mise sous tension des peaux (opération importante et délicate s’il en est. La "goutte d'huile" n'étant qu'une solution pour obtenir sans dommage le résultat attendu)
- Les tirants en cuir cousu sont en buffle ou en matières synthétiques.
- Le tour de corde à la française ou à l’anglaise aura lui aussi son effet sur la tension, donc sur la sonorité finale de l’instrument.
- Le poids des baguettes et la forme des olives auront une incidence sur la mélodie produite.
Ceci pour dire que la sonorité du tambour français est un ensemble dans lequel le poids de l’instrument est une donnée secondaire, mais terriblement problématique lorsqu’elle devient une priorité.
Cette sonorité « française » doit être travaillée avec soin, en amont, lors de la conception et de la réalisation du nouvel instrument. Cette démarche doit faire l’objet de nombreux échanges entre l’instrumentiste et son facteur. Plusieurs essais sont à prévoir. C’est un travail collectif qui a naturellement un coût souvent élevé. Après livraison des instruments, les musiciens ne peuvent plus que corriger des petits problèmes de tension et de réglage du timbre.
Quant à la sonorité que doit produire un tambour français, c’est à mon sens celui d’un instrument aux sons harmonieux et aux crescendo profonds et puissants. Des sonorités plutôt graves et encaissées, souples et chaudes ; toujours bien amorties et feutrées. Et là, l’effet voulu, pensé, travaillé et écrit par l’auteur d’une pièce pour tambours français, est reproduit du premier piano au dernier forte.
La caisse claire, la caisse écossaise, le tambour bâlois ou hollandais, c’est bien aussi… mais c’est autre chose.
Cordialement et bonnes fêtes de fin d'année.