Les artisans français fabriquant des instruments naturels doivent se réjouir de l’engouement des musiciens professionnels pour des trompettes fabriquées en Chine au rabais. Reste plus qu’à délocaliser les orchestres professionnels et la boucle sera bouclée
Evidemment, ce n'est pas faux, la remarque est louable concernant la marque qui fabrique en Chine.
Par contre, il n'en est pas de même concernant les essayeurs et/ou concepteurs.
Je crois qu'ils prêtent (ou "louent", cela ne nous regarde pas) leurs services à une marque avec l'intention de créer un bon produit, pas cher, pour le plus grand bonheur de tous.
Je compare cela à des scientifiques qui sont résolument tournés vers la recherche, le progrès, et qui n'imaginent pas toujours les retombées de leur découverte. En cela, ce sont des artistes et pas toujours des calculateurs ou "politiques" au sens noble du terme (et heureusement d'ailleurs).
On peut donc faire la remarque envers Zeff, c'est humain et citoyen mais je ne pense pas qu'on puisse assimiler nos deux chers collègues à cette démarche qui ne voient là qu'une opportunité pour améliorer le jeu et le budget des musiciens, des sociétés.
Je sais aussi ô combien c'est valorisant de mettre un bon instrument au point et je comprends que dans leur parcours professionnel ils aient cette envie de réaliser un bon instrument quand cela leur a été proposé.
Maintenant, sur le principe je suis d'accord car on pense de suite à l'emploi sur notre territoire et à l'exploitation de ces petits chinois, mais alors à cette réflexion il faut ajouter :
- quand est-ce que les musiciens pros joueront tous sur des instruments français (militaires comme civils car tous pris en charge ou subventionnés par l'état)
- quand est-ce que les professeurs, enseignants en EM joueront tous sur des instruments français (fonctionnaires de la fonction publique ou écoles privées subventionnées par les collectivités)
- quand est-ce que tous ces musiciens ne joueront que de la musique française (compositeurs formés via les conservatoires, donc l'état, et primés par l'état)
ETC
ETC
pourquoi Charasse ne fumerait pas du cigare français ?!
pourquoi se payer du whisky à l'apéro alors qu'on fabrique du pastis de Marseille ?! Que peuvent dire les Marseillais ?
(Ok pour la démagogie, la caricature, mais allons au bout du principe, ...........ETC, ETC).
Et enfin j'apporterai une précision quant aux manufactures françaises, peu fabriquent tous les éléments d'un instrument.
Bcp d'éléments sont de la sous traitance étrangère (clés d'eau, pistons en Monel, finition, ...).Heureusement, l'assemblage se fait en France mais le système n'est donc pas parfait.
Et pour finir, je dirai que si les manufactures françaises avaient été moins C... et n'avaient pas rivalisées jusqu'à se foutre dans la M.... toutes seules, elles n'en seraient peut-être pas là aujourd'hui.
Pour info, en 1990, au Salon de Francfort (j'animai le stand Couesnon et donnait des concerts avec Michel Hulot - trombone), on buvait le soir le champagne ensemble avec Patrick Gaudet alors que Courtois était dans une situation très inconfortable. Lui, ça le faisait rire car il allait être racheté (Besson). Je leur ai alors proposé au repas qui a suivi (car le train de vie ne s'en ressentait pas pour tous ces PDG de société) de mutualiser les moyens et de fusionner afin que :
- Couesnon s'occupe des instruments naturels, d'ordonnance et de la vennerie (nous avions alors 95% de part du marché)
- Courtois s'occupe des cuivres, instruments chromatiques avec le quatuor de trombone de Paris, Bruno Nouvion, etc à l'affiche, et leur place mieux assise que les autres sur ce marché
- et enfin que Selmer s'occupe des Bois avec la place que vous imaginez dans le domaine des sax, etc. alors que la trompette et le reste des cuivres (si on peut dire) était au plus mal
Tout le monde avait du mal à faire face à l'époque avec l'arrivée de Yamaha en France et leurs binious d'études à 2 000 F, étui compris et l'état des lieux permettait d'envisager les choses comme cela.
Malgré cette évidence, qui aurait permis à tous de mieux lutter contre l'invasion étrangère, de mettre le potentiel et les savoir faire dechacun en commun, ils ont préféré en rire, comme tout le reste.
Pouvez-vous me dire ce qu'il en est de ses grandes sociétés par le passé, aujourd'hui ?
Pour ma part, le débat s'arrête à ce constat, aussi malheureux que cela puisse être et croyez bien que je le regrette !