adlibitum88 a écrit: 30 ans d'expérience ça se partage alors ! A moins que ce soit confidentiel !!
Rien de confidentiel, article paru dans tambours de 89 février ou mars 2011
Le tambour, une passion depuis quarante ans
Il est quinze heures trente ce samedi dix-neuf février de l'année deux mille onze et je viens de passer une demi-heure sur internet. Un petit tour sur le forum des batterie-fanfares, un lien vers l'école de tambour de Bruno Lefebvre, et j'apprécie la Valse des tambours de Sujet, Délices des sons de Michel Suarez, Mexicana de Claude Mathieu, modern '3 de David Lefebvre, Dialogue Rex de Bruno Lefebvre et Show Time de Nicolas lefebvre. Bravo à tous pour cette belle interprétation collective.
Ceci m'amène a quelques réflexions sur le tambour d'ordonnance que je pratique en amateur depuis plus de quarante années et en particulier la chance pour les tambours d'aujourd'hui d'avoir, pour leur apprentissage, des possibilités qui m'étaient difficilement accessibles lors de mes débuts en 1969.
En premier lieu, l'accès à l'information par internet.
En quelques minutes, j'ai été en contact, via le net il est vrai, avec des tambours français que je connais, Emmanuel Grosvalet, Michel Suarez et Claude Mathieu, et j'ai pu entendre les œuvres de trois autres tambours, Bruno, David et Nicolas Lefebvre, avec lesquels je n'ai pas encore eu le plaisir d'échanger. Je les salue tous et à travers eux tous ceux qui, comme moi, ont la passion du tambour.
En quelques minutes aussi, j'ai pu visionner de belles vidéos, d'œuvres que je connaissais, et d'autres que je découvrais, qu'elle richesse. Je connaissais déjà les enregistrements solos de chtitdrummer sur le net . Bref, aujourd'hui, un élève tambour isolé peut trouver de quoi progresser grâce aux NTIC (Nouvelles Technologies de l'information et de la Communication)
En second lieu, l'accès à de nombreuses méthodes et ouvrages sur le tambour.
J'en possède actuellement un certain nombre, mais cela n'a pas toujours été le cas. J'ai cependant eu la chance que ma batterie-fanfare, la Stiren de Languidic dans le Morbihan possédait le TO I de Robert Goute ainsi que l'enregistrement sur disque vinyle associé (j'ai hélas perdu ce disque). C'est ainsi que j'ai appris seul le tambour, en écoutant le disque et en déchiffrant l'écriture par comparaison . Puis j'ai acheté le TO II et le TO III à sa sortie en 1974, des mains de Robert Goute, je ne connaissais alors que quelques œuvresdu répertoire, que j'avais découvertes dans les archives de ma société de musique (Le réveil de la garde de Charles Gourdin, Chanteclair de Lucien Vernier et Festival de Pierre Bréard). Autant dire que le TO III, je l'ai dévoré. Je suis devenu depuis collectionneur de méthodes de tambour et je suis heureux d'avoir en ma possession les premières éditions du TO I, du TO II et du TO III.
Un premier paradoxe cependant, malgré le nombre d'ouvrages sur le tambour disponibles à ce jour, j'ai souvent rencontré, lors de nombreux stages que j'ai encadré, des tambours qui ne connaissait que leurs œuvres imposées de l'année, il a fallut leur faire découvrir le répertoire.
En troisième lieu, les nombreux stages de formation tambour organisés actuellement par les fédérations de musique amateur avec des encadrants de haut niveau.
J'ai appris a tenir les baguettes en deux mois avec un bon tambour de ma musique, et puis, je me suis retrouvé seul, enfin, pas tout à fait, avec le TO I et le disque vinyle, c'était déjà pas mal. Les seuls conseils reçus, c'était pendant les concours d'hiver, merci à Jo Le Clainche, un bon tambour du Morbihan de me les avoir donnés puis de m'avoir reçu chez lui, en 1974, pour me faire progresser.
J'ai effectué mon premier stage en 1975 à saint Brieuc, organisé par le Comité Olympique Briochain, avec la présence de Robert Goute, une révélation sur le travail qu'il me restait a accomplir. Premier stage donc six ans après mes débuts, aujourd'hui, un débutant peut trouver des stages adaptés avec des formateurs compétents.
Un second paradoxe, une impression réelle que le nombre de tambour diminue, malgré informations, ouvrages et formations, cela est sans doute due à l'évolution des batteries fanfares, le répertoire demandant l'utilisation de la batterie et des nombreux instruments de percussion, et aussi de la diminution du nombre d'associations.
Par contre , la qualité est présente, grâce aux fédérations, à quelques écoles de musique qui ont parfaitement intégré l'apprentissage du tambour d'ordonnance et à divers ensembles de tambours sur le territoire français qui donnent une bonne image de l'instrument, soit en répertoire traditionnel, soit en répertoire plus moderne.
Un troisième paradoxe, malgré le travail effectué depuis de nombreuses années par beaucoup d'amoureux du tambour, j'ai l'impression que l'image d'Épinal du tambour de fanfare est encore fortement ancrée dans l'imaginaire de nos concitoyens.
En voici deux exemples :
En mille neuf cent quatre-vingts je débute ma carrière dans un centre du ministère de la défense. Début mille neuf cent quatre-vingt-un, une semaine de la musique est organisée, avec démonstrations musicales professionnelles tous les midis au restaurant d'entreprise. Une note de service interne propose aux musiciens amateurs de bon niveau de présenter leur instrument. Je me présente, sourire de l'organisateur, je suis le troisième, après un organiste et un hauboiste. Quel instrument présente tu ? Le tambour. Désolé, ce n'est pas possible, ce n'est pas de la musique. Je me suis battu, note de service et preuves tambourinesques à l'appui et j'ai joué le répertoire du TO III devant 400 personnes un peu étonnées de voir un ingénieur jouer du tambour. Je venais d'obtenir mon prix national en 1980 après un an de travail à Paris avec Robert Goute. Le plus marrant , dans l'histoire, mon chef de service vient me voir, il avait pris des cours de tambour avec Robert Goute dans un orchestre scolaire de la région parisienne, et il n'osait pas avoué qu'il avait joué du tambour.
Depuis trois ans, j'apprends le djembé, parce que j'en avais envie depuis longtempsps, et parce que ma fille ainée a adopté au Burkinana Fasso, je voulais donc que papy fasse du djembé. J'accompagne actuellement de la danse africaine et je joue dans plusieurs groupes . Lors d'une fête de la musique, plusieurs groupes jouaient dans une commune de la périphérie rennaise, dont une batterie fanfare avec des tambours et des percussions. Grosse rigolade dans le groupe de percussion africaine dont je faisais partie. A la répétition suivante, j'ai pris mon tambour et j'ai improvisé sur des thèmes africains pour leur montrer les possibilités de l'instrument.
C'est donc à nous, amoureux du tambour de le présenter le plus souvent possible; J'ai personnellement pendant quarante ans joué en concert , bien sur, mais aussi en famille, en entreprise, dans les écoles, dans les églises, au téléthon, en boite de nuit etc.
En quatrième lieu, la possibilité de pratiquer le tambour mais aussi d'autres instruments de percussions.
Il n'est pas rare actuellement de rencontrer de bons tambours qui sont aussi batteurs ou percussionnistes, voire les trois, c'était rare a mes débuts. C'est une chance pour faire connaître aux autres percussionnistes la richesse et l'étendue du répertoire de notre instrument.
En cinquième lieu, la possibilité de produire de spectacles de qualité.
Les possibilités techniques et scéniques actuelles, (lumière noire, laser, effets sonores, informatique etc, alliés à un répertoire moderne du tambour (jeux de baguettes, effets visuels, mouvements, jeux corporels, intégration à d'autres percussions etc) permettent au tambour de se présenter à la fois sous un aspect moderne, mais aussi de faire perdurer les traditions avec un répertoire plus classique, la vidéo que j'ai vu ce jour de la valse des tambours de Sujet en lumière noire en étant un bon exemple.
Et, pour conclure, j'ai , pendant toutes ces années passées au service du tambour rencontré plein de passionnés et noué de solides amitiés. Un petit regret cependant, du à mon entêtement de breton, ne pas avoir défilé sur les Champs-Elysés en 1989 avec tous mes copains tambours. En effet, ayant des difficultés a obtenir des finances auprès des autorités de ma région pour un projet de formation musicale (je ne suis pas doué pour cela); j'ai refusé de participer au groupe des tambours nationaux. J'ai pris conscience de ma bêtise en regardant le défilé de Jean-Paul Goude à la télévision et en reconnaissant quelques têtes amies.
Du coup, je ne me suis jamais inscrit aux tambours de 1989, puisque je n'y avait pas participé, je ne suis donc pas tambour-maître.
Bon, Yvon, il est temps de lancer une nouvelle promotion, il y a plein de nouveaux jeunes talents au tambour d'ordonnance.
Postscriptum : Pour vous remercier de m'avoir lu , je peux vous transmettre gratuitement un PDFde 33 de mes oeuvres manuscrites pour tambour non éditées.(contact :lechenadec@orange.fr).